Les voitures sans permis

Autrefois utilisées par les conducteurs faisant l’objet d’un retrait de permis, elles attirent aujourd’hui de plus en plus les adolescents.

Leurs parents ont parfois roulé à mobylette Peugeot 103, à scooter Piaggio Typhoon ou à moto Yamaha DT… mais eux, c’est en voiture sans permis qu’ils veulent circuler.

«La voiture, c’est la liberté et l’indépendance», sourit Maëva Aventurier. Âgée de 15 ans, cette adolescente conduit depuis cet été une Aixam qui lui permet de faire les trajets quotidiens entre son domicile d’Aigremont (Gard) et son lycée de Saint-Christol-lès-Alès, à 18 km de là. «Une copine en avait une et j’ai trouvé ça sympa. En hiver, j’emmène tous les jours une copine. D’habitude, elle vient à scooter mais, en ce moment, il fait trop froid. Là, on a le chauffage à l’intérieur», se réjouit-elle.

Une seconde jeunesse

Comme dans toutes les régions de France, Maëva pourrait prendre les transports scolaires mis en place par la collectivité mais l’arrêt de bus se trouve à 3 kilomètres de son domicile et, s’arrêtant dans tous les villages, il met une heure au moins avant d’atteindre le lycée. «Prendre le car lui ferait passer deux heures par jour dans les transports alors qu’elle peut être à la maison en une vingtaine de minutes. Par ailleurs, quand un prof est absent, ou qu’elle finit plus tôt, elle est autonome» avancent ses parents pour justifier de leur investissement de 10.000 euros environ dans le véhicule et d’une prime annuelle d’assurance tous risques équivalente à celle de leur propre voiture.

Voiturette Aixam

Devant le lycée Jacques-Prévert de Saint-Christol-lès-Alès, on peut constater que Maëva n’est pas la seule à venir en cours avec sa voiturette. Aixam, Ligier, et Citroën Ami sont alignées sur le parking. Naguère réservées à une clientèle adulte ayant perdu son permis sur décision de justice, les voitures sans permis semblent trouver une seconde jeunesse auprès d’adolescents vivant en zone périurbaine et qui ne sont pas en âge d’avoir leur permis B. En 2021, le ministère de l’Intérieur recense 92.099 immatriculations de ces voiturettes, contre 82.546 en 2019. En hausse de 11,5 %, ce marché est notamment animé par les parents de jeunes conducteurs qui, sur le plan réglementaire, ont dû passer un permis AM ; le même que celui à obtenir pour piloter un scooter. D’ailleurs, c’est sur un deux-roues que la plupart des adolescents passent ce permis car peu d’auto-écoles sont équipées de voiturettes.

Voiturete Ligier

Plus de sécurité

À Nîmes, Éric Giraudier aussi a acquis, voilà plusieurs années, un véhicule sans permis pour ses enfants. Il ( le véhicule) profite aujourd’hui au troisième de la fratrie. «Hector a récupéré la voiture qui était celle de sa sœur et de son frère avant lui. Il prend par ailleurs le volant avec sa mère et avec moi en conduite accompagnée, ce qui lui permet également d’aguerrir sa conduite», explique ce chef d’entreprise vivant au milieu des vignes, dans un lieu éloigné des réseaux de bus urbains.

Tous les jours, Hector se rend donc lui aussi au lycée en voiturette. Un véhicule qu’il utilise également pour ses loisirs. Il se rend plusieurs fois par semaine à la mer pour pratiquer son sport fétiche, le wingsurf«Avec leurs activités, mes parents ne pourraient pas m’y emmener autant de fois que je le souhaite. Sans la voiture, j’aurai beaucoup moins de vie sociale», reconnaît-il.

L’un des arguments faisant pencher la préférence des parents vers un véhicule à quatre roues plutôt que deux roues est celui de la sécurité. «Un scooter, je trouve cela trop dangereux sur nos routes», explique Suwannee Aventurier, la maman de Maëva. De fait, selon les chiffres de la Sécurité routière de 2020, on relève une cinquantaine d’accidents de la route chez des conducteurs de voiturettes âgés de 14 à 17 ans. C’est moins, sur la même catégorie de véhicules, que chez les 35-44 ans et 55-64 ans. Seule donnée invariable, quel que soit l’âge du conducteur de ces voitures: les hommes sont impliqués, qu’ils en soient responsables ou non, dans les trois-quarts des carambolages.

Citroën Ami

One thought on “Les voitures sans permis”

  1. Il semble que ces mini-autos sans permis donnent la liberté à tout le monde: aux écoliers et aux parents des cés enfants. Pourquoi ne utiliser ces mini autos pour gagner du temps? En dernière année d’école, deux heures, c’est beaucoup de temps supplémentaire pour étudier pour le Bacc. En outre, ils soulagent beaucoup de stress des parents, dont plusieurs doivent passer des journées entières dans leur voiture à amener les enfants à l’école et à leurs activités. Gagner/gagner tout autour, je pense!!

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